Wednesday 9 November 2011

Les nègres blancs d'Amérique

Selon Wikipedia L'esclavage est le système socio-économique reposant sur le maintien et l'exploitation de personnes dans la condition d'esclaves.
L'esclave peut dépendre de toute autorité : personne, groupe, organisation ou encore État. L'Académie française ajoute à cela, par extension, toute« institution sociale fondée sur l'existence d'une classe d'esclaves »4
Par analogie, l'esclavage est donc l’« état, [la] condition de ceux qui sont soumis à une tyrannie, à une autorité arbitraire ; asservissement, servitude. »5.
Par extension, « se dit d'une personne qui se tient dans un état d'assujettissement, de dépendance, qui subit l'empire d'une chose. »6


Pas rigolo n'est-ce pas? Pourtant, si on considère que l'agriculteur d'aujourd'hui ne peut recevoir le juste prix pour ses produits, parce que la majorité des gens peine déjà à payer l'épicerie, on peut décrire la situation des agriculteurs comme étant des esclaves de la société. Les gens n'ont pas les moyens de payer le vrai prix de la nourriture, donc, collectivement, on force une catégorie de citoyens à produire cette nourriture à un prix que Monsieur et Madame Tout-le-monde peut payer.


Le coût de la nourriture bon marché pour les consommateurs, c’est le coût de l'inexorable appauvrissement des fermiers. C'est le coût de l'endettement des agriculteurs, sans espoir de renverser la vapeur, et qui les conduit inévitablement à la faillite à plus ou moins long terme.


De la même manière que certains jugent que la société ne peut se permettre l'équité salariale des femmes parce que cela serait un fardeau trop lourd pour les entreprises, la nourriture bon marché se fait sur le dos des agriculteurs et continuera de se faire jusqu'à ce que... Jusqu'à ce que quoi au juste? Quels recours avons-nous, agriculteurs? Pouvons-nous déménager? Changer de métier? Baisser davantage nos coûts de production? Non. Nous ne pouvons pas. Et le danger, c'est que pour augmenter les revenus, il faut investir et pour investir, il faut emprunter. Les nouveaux revenus ne permettent pas de payer le nouvel emprunt et l'agriculteur s'enlise un peu plus dans l'endettement, avec le surcroît de travail de l'augmentation de la production (plus d'animaux donc plus de foin et plus de grain, avec plus de temps à consacrer à soigner soir et matin). Comment arrêter ce cercle vicieux? Ça dépend si on est petit ou si on est déjà gros. Si on est déjà gros, on fait une production de volume. Si on est petit, on fait une production de créneau. Dans mon cas, c'est une production de créneau. Donc, la logique veut que je me «créneautise» davantage, et non que j'augmente mon volume de production. C'est bien beau, produire un agneau «élevé à l'orge bio ou au pâturage en liberté, sans hormones, pesticices ou herbicide», mais la réalité est que cet agneau doit quand même être abattu dans un abattoir de type A. Ce type d'abattoir est pour moi à Terrebonne alors que j'habite Mont-Laurier. Beau casse-tête. En plus, comme cet abattoir est gros, je ne peux pas avoir un traitement spécial et récupérer mes abats. Quoi? J'ai élevé avec grand soin mes agneaux et je ne peux pas avoir le foie, le coeur, la langue, les joues, les animelles? Allô?! Je fulmine! Si je fais affaire avec l'abattoir de proximié du prochain village, j'ai plus de service, mais je n'ai pas le droit de commercialiser ma viande, lire: pas le droit de la vendre! Donc, on me maintient dans la pauvreté. Pas le droit de vendre ma viande, ce qui est le but premier de mon métier, à moins de rentrer dans le gros tordeur industriel. Carcasse seulement. Pas de peau à tanner, pas d'abats. Et 8.60$ le kilo si je vend à l'Agence de vente d'agneaux lourds. Si je vend moi-même (je suis obligée de vendre quand même à l'Agence et racheter mes carcasses et payer pour le classement), je vend directement à mes clients 16$ le kilo. À l'épicerie, l'agneau haché se vend 13$ le kilo et le gigot se vend 54$ le kilo. Donc, si je vend au «système», en plus de recevoir des peanuts pour mon agneau, je le retrouve à, en moyenne, 30$ le kilo en épicerie. Trouvez l'erreur. Comment pensez-vous que je me sens, moi, agricultrice, devant le comptoir des viandes à l'épicerie? Comme une pauvresse! Voilà comment je me sens! J'ai des dettes et les factures continuent d'arriver dans la boîte aux lettres et je dois compter avec combien de moutons je vais réussir à payer tout ça. Ben le nombre de moutons excède ma capacité de production! Donc, ma seule option c'est de vendre mieux ce que je suis capable de produire. J'ai quelques idées. À suivre dans un prochain blogue…


Once again, pour ceux qui trippent sur les idées de Joel Salatin, sa montée de lait sur le pourquoi du comment que son bacon est 9$ la lb: 9$/pound bacon.

3 comments:

  1. Ha-ah, ça marche! Je sympatise ma belle! Je me suis fait dire ce w-e que c'est ben beau de vouloir acheter en boucherie (ce que je fais)au-lieu du supermarché mais que mon interlocuteur n'a simplement pas les moyens. J'ai renchéri que c'est pas comme ça que ça va changer... Ahh l'opinion publique est une satanée bête qui est probablement plus têtue qu'un âne!

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  2. Ben tu vois, ça peut être cher à la petite boucherie du marché Jean-Talon, mais si t'achète directement d'un producteur, c'est moins cher qu'au supermarché et tout l'argent va au producteur. C'est pareil que si tu achetais 1$ une toune à un musicien plutôt que de donner ton 1$ à iTounes et que le musicien a 32¢.

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