Saturday 19 December 2015

Toujours là!

Cela fait très longtemps que je n'ai pas écrit. Le temps me manquait. J'ai frisé le burnout au printemps 2015 et mon médecin m'a bien fait comprendre qu'il fallait que j'en fasse moins, car le vrai burnout est terrible. Je l'ai écouté. Tranquillement, j'ai dû laisser tomber des activités, des responsabilités, j'ai dû négliger certains aspects de ma vie et regarder ailleurs. Toute l'année a été très dure et j'ai passé mes journées, du matin jusqu'au soir, à travailler, malgré les décisions prises. Au mois d'août, après deux ans de séparation d'avec le père de mes deux filles, j'ai rencontré un autre agriculteur qui travaille autant que moi. Malgré la taille de sa ferme, il tire le diable par la queue. Maintenant nous sommes deux à vouloir sauver nos deux fermes familiales.
Au printemps à la suggestion de mon beau-frère qui s'occupe de ses entreprises en vrai champion, j'ai commencé à travailler avec le conseiller senior à mon CLD (pour mes fans européens, ceci est le Centre Local de Développement). Il m'a fait faire une réflexion en profondeur sur mes activités et mon entreprise. Je me suis prêtée aux exercices qu'il m'a proposés et j'ai enfin discerné dans tout ma noirceur, un portrait. Le portrait d'une entreprise rentable, efficace, agréable à diriger. De l'espoir. Un plan. Des étapes. Des démarches. J'envisage l'avenir plus sereinement, je marche d'un pas plus allègre, d'autant que j'ai mon «habitant», comme je l'appelle avec toute l'affection du monde.
En 2016, donc, pas de légumes. Enfin pas pour en vendre. Bien sûr que je sèmerai quelques carrés de potager pour la famille, mais le gros potager, lui, sera en jachère.
L'autre gros coup dur de l'année 2015 est que j'ai perdu la totalité de mes 21,000 plants d'ail dû à deux maladies fongiques (des vilains champignons, le botritys et le fusarium) et une bactérie qui porte un nom digne d'un grand scotch: burkholderia gladioli. Avec le soutien de ma famille, du backup financier, d'une émission de radio (Bien dans son assiette du 13 août) qui m'a apporté une offre de semences et des «planteux» pour m'aider, j'ai pu replanter cet automne 40,000 caïeux. Avec le temps doux, l'épandage de la paille n'est pas terminé, car on patauge dans la boue, mais un bon couvert de paille est de mise avec l'hiver mi-figue, mi-raisin que l'on nous annonce. Comme je ne mettais plus de paille sur mon ail depuis 2 ans, une hypothèse émise est que l'ail est «stressé». Comme nous lorsque nous sommes plus fatigués, déshydratés, surmenés, nous attrapons plus facilement des petits virus comme le rhume, l'ail stressé est plus sensible. Les conditions météo ont été favorables aux champignons indésirables et ils se sont attaqués à ce qu'il y avait de faible: mon ail. Je la chouchoute donc cet hiver avec une belle couverture de paille, une autre contribution de mon infatigable Chéri.
Pas de semis à faire ce printemps veut aussi dire plus de temps pour vraiment mettre la main à la pâte lors de la saison des sucres. Comme plusieurs d'entre vous le savent, Bernard, mon bras droit sur la ferme, entaille du bouleau depuis quelques années. Outre le sirop de bouleau, il fabrique aussi un réduit à mi-chemin du sirop, qu'il vinifie. Le produit en soi est déjà intéressant, mais le vin, très foncé, est inoculé avec des mères de vinaigre qu'il a développées au fil des ans et le vin vire au vinaigre. Le résultat étant proche du vinaigre balsamique italien en terme de douceur et de goût, j'ai commencé à le vendre au marché public et par bouche à oreille. Des projets de développement de ce côté font partie du nouveau plan de match.

Les moutons sont rentrés du pâturage, ils sont tondus et les derniers abattages envoyés chez le boucher attendent leur acquéreur au congélo. Les brebis les plus prolifiques montrent déjà de grosses, grosses bedaines et le premier bébé arrivera comme toujours, entre Noël et le jour de l'An. J'ai encore beaucoup, beaucoup de choses à faire avant l'hiver, mais pas aujourd'hui. Aujourd'hui, je fais des biscuits. Une tradition familiale avec mes filles. Le reste attendra.

No comments:

Post a Comment